Cadrer : et la bienveillance ?

J’habite en France et je retrouve souvent dans ma quotidien de travail « l’esprit gaulois » qui selon les représentations populaires préfère la créativité et l’énergie libérée à l’organisation et la stratégie.

Il arrive ainsi que soient opposés cadre et souplesse, rigueur et bienveillance.

L’expérience des sportifs de haut niveau, des chefs étoilés, de maîtres zen ou d’artistes confirmés m’a persuadé du contraire : le cadre permet la souplesse, la rigueur permet la bienveillance et la technique le génie.

Comment cela fonctionne-t-il alors ?

C’est une image de l’enfance qui m’a mis sur la piste. Enfant, j’ai visité un parc dans lequel vivaient des caïmans. Une simple barrière me séparait de la plage sur laquelle ils se prélassaient. J’aimais énormément les animaux1 et m’étais mis en tête de donner libre cours à ma créativité en allant les caresser. J’ai donc profité d’un instant d’inattention de mes parents et j’ai franchi la barrière. Un homme qui passait a eu la vivacité de me rattraper avant que je me sois trop avancé.

Quelques instants plus tard, un autre homme s’est approché des caïmans et leur a envoyé à manger des poulets vivants. Les molosses tranquilles sont devenus des prédateurs à la vélocité mortelle.

J’ai pris conscience alors de deux choses :

  • Ma fragilité : mon envie ne suffisait pas.
  • Le soigneur avait une technique, une prestance et une légitimité qui lui permettait, lui, de s’approcher.

La leçon globale que j’en ai retiré est qu’il me fallait passer par plusieurs stades pour réaliser mon rêve d’approcher les caïmans :

  1. Acquérir une technique suffisamment éprouvée pour être en mesure de comprendre la situation et m’adapter en une fraction de seconde tout en restant calme. Ce genre de technique demande beaucoup de connaissances et encore plus de pratique.
  2. Maîtriser assez la technique pour « l’oublier »
  3. Retourner à mes fondamentaux motivationnels : l’amour pour les animaux.

La partie créatrice, libérée, enthousiaste et souple de l’action est en fait rendue possible par la mise en place d’un cadre formel. La bienveillance se manifeste tout au long du processus, d’abord par l’apprentissage du cadre structurant puis par la libération du cadre formel, une fois celui-ci intégré.

J’ai depuis, dans ma pratique professionnelle, toujours mis l’accent sur ce cadre, non en tant que tel, mais comme préalable à une vraie libération des énergies. Lorsque, régulièrement, mes collaborateurs maîtrisent leur technique, quelle joie de les voir « se lâcher »!

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Photo : source AFP

1 Et je les aime toujours

2 Replies to “Cadrer : et la bienveillance ?”

  1. Super réflexion ! Je suis tout à fait d’accord. Et en plus très soulagée que tu ne te sois pas fait manger par les caïmans. Nous n’aurions pas eu le bonheur de te connaître… Bisous Daniel.

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