En 1988, Israël Rosenfield publie un livre intitulé en français « L’invention de la Mémoire ». Il y défend ce qui a été largement prouvé depuis : la mémoire n’est pas « stockée » dans le cerveau. Son incroyable performance est due à la « simple » mise en relation dynamique de près de 100 milliards de neurones[1].
Le potentiel que représentent les salariés a lui aussi bien plus à voir avec la qualité et la fluidité des relations que la compétence individuelle de telle ou tel.
Quelques analogies :
- Un neurone qui ne peut plus recevoir et donner correctement de l’information meurt. L’information rationnelle et émotionnelle est la raison d’être du neurone. En entreprise, une information simple, claire, factuelle, empathique, distribuée à toutes les parties prenantes est primordiale. Vérifier par du feed-back qu’elle est bien comprise et qu’elle entraine une réaction est sain. Bloquer l’information est par contre extrêmement perturbant. Les injonctions paradoxales, les rétentions d’information, les outils de communication inefficients provoquent des « maladies d’Alzheimer » de l’entreprise.
- La performance du cerveau est déterminée moins par la quantité de neurones que par la densité de connexions entre eux. Il arrive que des traumas crâniens ou des AVC détruisent toute une zone du cerveau. Des milliards de neurones sont physiquement détruits et pourtant, la rééducation permet souvent de récupérer les compétences perdues. Cela s’explique en partie par la création de nouveaux neurones mais surtout par une meilleure connexion des survivants. En entreprise, se connaître, aller voir ce que fait le voisin et se sentir concerné pas ses problèmes, avoir le droit de contribuer à leur solution… cela densifie les relations et la performance globale.
- Les nouveaux neurones ne sont créés que si le cerveau identifie qu’il doit acquérir une compétence nouvelle. Les malades d’Alzheimer curieux s’en sortent mieux que les autres. La curiosité est un excellent défaut ! En tant que manager, amenez vos équipes à sortir du cadre conceptuel établi par les conventions éducatives, sociales, et les usages d’entreprise. Je conseille souvent de penser large puis de faire passer les propositions dans l’entonnoir de l’opportun puis du faisable. Etonnamment, la notion de « faisable » évolue au cours du processus.
- Si une route neuronale est détruite, une autre peut prendre le relai. Je termine par cette compétence que je trouve extraordinaire. En entreprise, cela s’appelle « l’ajustement mutuel ». C’est le fait pour un groupe de compenser/corriger mutuellement et informellement les faiblesses des uns et des autres. La majorité des problèmes sont évités de la sorte. Cela rend humble. Attention cependant à ne pas se défausser pour autant de ses responsabilités de manager. Le cerveau fonctionne sur la base de compétences développées et tenues sur le long terme. L’ajustement mutuel ne pourra se substituer à une compétence absente.
Je vous souhaite à chacun de joyeux neurones !
[1] Estimation 2010.
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