Votre monde est-il trop simple ? Trop complexe ? Trop compliqué ?
Trop de complexité épuise et empêche. Trop de simplicité rend incapable de comprendre l’autre, d’avoir de la nuance, de respecter la différence. Alors comment gérer et utiliser à bon escient ces deux opposés : simplicité et complexité ? L’arbitre est probablement la notion de « compliqué ».
Je retrouve dans le monde deux principes : Le principe de complexité et le principe de simplicité. Ils s’opposent dans leurs dynamiques.
- Le principe de complexité
Si nous n’utilisions que 10 mots pour tout se dire, la communication serait vraiment très, très limitée. Nous ne pourrions par exemple pas échanger sur la manière de construire un bâtiment, faire part de nos états d’âme ou expliquer ce dont nous avons besoin.
La complexité est la situation qui, au contraire, réunit plusieurs éléments différents, par exemple ici des mots, en nombre important. La complexité est nécessaire dès que l’on souhaite se développer, enrichir sa connaissance, obtenir plus d’outils.
- Le principe de simplicité
A l’inverse, le principe de simplicité est un principe d’économie d’énergie. Trop d’informations tue l’information. Il est nécessaire de dégager notre fonctionnent cognitif d’un maximum de tâches afin que notre cerveau puisse avoir assez de réserve pour traiter les informations nouvelles. C’est là qu’interviennent les routines, les habitudes, les usages, les traditions, les cadences et autres acquis devenus réflexes. Ils servent à économiser notre énergie.
- Équilibre entre complexité et simplicité
Paul Valéry disait : « Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable1 ».
Trop de complexité encombre et augmente les temps d’analyse nécessaires à la décision. Trop de simplicité anéantit tout simplement la vie et son développement. Toutes les sociétés ont été confrontées et sont toujours confrontées à ce dilemme : dans quelle mesure créer pour les membres du groupes un cadre sécurisant et stable (simple) et en même temps être prêt à accepter des notions nouvelles, des individus nouveaux, sources de changement mais aussi de progrès (complexité) ?
Selon moi, l’équilibre se trouve autour de la notion de complication.
Quand cela devient compliqué de faire une chose, de gérer plusieurs outils, la chose ou les outils sont trop complexes.
Quand c’est compliqué de ne pas faire la chose, ou que c’est compliqué de voir plus d’une chose dans un paysage, ou de comprendre une situation dans son ensemble, alors, la réflexion est trop simple.
Par exemple, quand c’est compliqué d’utiliser un smartphone, c’est que son usage est trop complexe. Quand c’est compliqué de se passer d’un smartphone, c’est que l’on simplifie trop : on ne voit plus que ce seul objet. C’est la voie de la facilité et elle se paie par une incapacité à prendre en compte l’environnement. Garder sa liberté consiste à rester en capacité de faire le choix d’utiliser ou pas un outil, un concept.
Le chef d’orchestre de ce choix est la pleine conscience. Plus nous sommes conscients de nos rêves, de nos limites ainsi que de notre environnement, plus nous saurons à temps que nous atteignons le mur de la complication.
Ainsi, s’il est confortable de se ranger du côté de la routine ou stimulant de miser sur l’innovation, un bon manager est avant tout une personne avisée, utilisant à temps et à bon escient les deux options. Un manager natwani est capable de changer de stratégie entre simplicité et complexité selon l’évolution de son environnement.
Note :
Nos personnalités et éducation ont tendance à nous faire préférer l’un de ces deux modes d’action. Il est important d’être conscient de nos préférences mais de décider rationnellement de les dépasser lorsque le contexte l’exige.
Il me vient un exemple : selon les pays, les conducteurs roulent à gauche (comme au Royaume Unis) ou à droite (comme en France). Lorsque les pilotes de ces différentes nations se retrouvent sur un circuit automobile pour une course, mentalement, chacun sera doué pour « serrer » sur son côté fort. Pourtant, le gagnant sera la plupart du temps celui qui aura réussi à garder la ligne la plus adaptée à sa vitesse maximum et, en fait, la plus courte.
Il en est de même pour le manager : il doit veiller à rechercher la dépense d’énergie la plus petite pour lui et ses parties prenantes, ce qui imposera tantôt de simplifier (par des routines), tantôt de complexifier (par de nouveaux outils/concepts, ce qui induit du changement).
Cet article est une portion du livre Le Management Natwani – Pour un management écologique : conjuguer performance économique et valeurs humaines.
Il est publié sur le blog du Management Natwani. Abonnez-vous pour être informé(e) des nouveautés régulières !
1 Paul Valéry, Mauvaises pensées et autres, 1941