Réduction des niveaux hiérarchiques dans les entreprises libérées, ras-le-bol des « petits chefs », lourdeurs administratives… Les raisons de remettre en cause la hiérarchie sont nombreuses. Alors, à quoi sert-elle ?
La hiérarchie ne s’exprime pas de la même manière suivant les cultures mais la plupart gardent en arrière-plan une conception ancestrale de pâtre emmenant son troupeau.
Le contexte a changé. Un césar, un khan, un tlatoani ou un Shaka pouvaient avoir leur intérêt pour imposer une cohésion à un peuple disparate, peu compétent individuellement, et faire face à une grande adversité. Le monde s’est globalisé et les menaces, si elles restent nombreuses, sont plus floues. Par ailleurs les individus ont accès à une connaissance et des compétences importantes. Le dernier recensement de l’ONU indique que l’humanité n’a jamais été aussi scolarisée.
Dans ce contexte, la hiérarchie n’est plus aussi nécessaire et le « pouvoir » attribué à des individus privilégiés devient plus contestable. Il ne s’agit pas « d’être vizir à la place du vizir », ce qui ne changerait rien à l’ordre global du monde. Il s’agit plutôt de considérer chaque maillon de la société comme « capable » et « responsable », ces deux compétences étant justifiées par les connaissances désormais plus largement partagées dans l’ensemble de la population.
Etre en position de hiérarchie se concentre donc dans l’essence de la FONCTION. Etre chef est un service à rendre à un groupe qui réalise une mission. La hiérarchie est une fonction support comme une autre.
La fonction hiérarchique peut se synthétiser en plusieurs actions :
Planifier :
Ne pas planifier revient à conduire les yeux bandés : on ne sait pas où on va, ce qui conduit vous, vos collègues et vos équipes en plein danger !
Décider :
C’est un service à rendre aux équipes. Les équipes ont besoin de cadre pour fonctionner sereinement. Une décision s’appuie sur des éléments factuels : risques et opportunités, valeurs et objectifs de l’entité notamment. Un manager n’a pour ainsi dire jamais tous les éléments pour décider parfaitement, mais il doit prendre ses responsabilités et décider pour le bien de tous.
Evaluer :
Vos subordonnés sont de belles personnes. C’est pour cela qu’il y a quatre bonnes raisons d’évaluer précisément leur travail. Cela permet de :
- mesurer que l’objectif atteint est bien l’objectif visé (efficacité)
- mesurer que les moyens utilisés (temps, matériel, argent) correspondent à ce qui était estimé (efficience)
- donner de la reconnaissance à la personne : la féliciter pour ce qui est bien fait, lui indiquer ce qui est mal fait pour permettre la progression de la personne.
- apprendre de cette expérience pour mieux faire plus tard, que ce soit soi-même en tant que manager ou d’autres dans une situation similaire.
Renforcer :
Le manager est là entre autres pour fournir à ses équipes tout ce dont elles ont besoin pour travailler : des objectifs, des moyens (conceptuels, matériels, procédures…), des délais et un appui en cas de difficulté.
Communiquer :
Pour que l’entité fonctionne comme le membre d’un corps plus grand, il faut, pour le manager :
- être au clair sur les objectifs, moyens et délais à sa disposition, les avoir déclinés sur son entité, et, s’il a un supérieur, fait validé le tout par sa hiérarchie. C’est aussi important pour le top management et les administrateurs. Quel est le vrai objectif poursuivi via l’activité ? Les moyens actuels sont-ils adaptés au but poursuivi ? Peut-on augmenter les moyens, réduire les objectifs ?
- indiquer de manière simple et claire ce qu’il attend du coup de ses équipes. Un précepte s’applique bien ici : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ».
- communiquer aux parties prenantes sa progression dans l’atteinte des objectifs, les difficultés et opportunités rencontrées à son niveau.
Voici un moyen mnémotechnique de retenir ces attributs de la fonction hiérarchique : le PLA DE RE EV C ça, « le plat de rêve, c’est ça ». A table !
Bonjour Daniel,
Ah, si tous les hiérarques indécrottables que nous connaissons tous pouvaient lire votre post !
On m’a demandé dans un entretien d’embauche pour un poste de direction, comment je concevais le management. Je n’aurais pas osé dire aussi radicalement que vous que le manager est au service de ses équipes, de peur de passer pour un utopiste révolutionnaire (ou pour un pauv’ type inconsistant) aux yeux d’un jury de managers dont je ne connaissais ni les conceptions, ni les modalités d’exercice de leur fonction. Mais j’ai quand même notamment cité les fonctions de décision, d’évaluation, de valorisation et de soutien des équipes, qui me paraissent fondamentales.
Nous sommes effectivement dans une époque où la figure du manager s’éloigne de celle du mâle dominant de la horde (il était temps), sans pour autant qu’un autre modèle ne s’impose clairement. Cela est sans doute aussi une des causes de la souffrance de certains managers, qui sont pris dans des injonctions paradoxales de la part de leur hiérarchie comme de la part de leurs équipes, à propos de leur manière de faire et de leur positionnement.
Entre le marteau est l’enclume, la manager n’a pas toujours la belle vie. Il a donc tout intérêt à définir une posture claire et nette, qu’il saura d’autant mieux défendre qu’il l’aura bien conçue (pour vous paraphraser).
Bien cordialement.
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bonjour
Je fais un étude sur le fonctionnement de la hierarchie dans certains pays comme l’OUGANDA, , LA COREE DU SUD, LA JAMAIQUE, LA REPUBLIQUE DOMINICAINE ET LA ¨PAPOUASIE aussi bien au niveau des états que celui des entreprises afin d’effectuer des comparaisons.Pourriez vous m’indiquer un ouvrage ou un site pouvant m’orienter? je vous en remercie
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Bonjour,
Je n’ai malheureusement pas de livre à vous conseiller sur ce sujet très précis. J’ai l’impression que ce qu’il vous faut, ce sont des études de cas, qu’ensuite vous pourriez analyser. Une piste de réflexion : il serait utile de voir la hiérarchie comme la réponse à un besoin de la société qui produit tel ou tel type de hiérarchie, sans jugement. Autre piste : la hiérarchie a un côté affiché (la hiérarchie que l’on donne à voir) et un côté caché (les « éminences grises »). Suivant les contextes, la hiérarchie recouvre des jeux de pouvoir qui se concentrent sur l’affiché ou sur le caché.
Cordialement,
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